Qui sommes-nous ?

"Les Enfants Adoptés De Roumanie" (L.E.A.D.R.) était une réunion de personnes bénévoles : nés en Roumanie et adoptés par des couples francophones, et des personnes sensibles aux questions de l'adoption internationale en Roumanie. De 2014 à 2015 LEADR a créé des espaces et des outils adressés aux adoptés d'origine roumaine pour faire entendre leur parole et pour contribuer à leurs recherches. Aujourd'hui le collectif a évolué en Association Française Orphelins de Roumanie (A.F.O.R.), association loi 1901, créé en septembre 2015 : www.orphelinsderoumanie.org

lundi 7 avril 2014

I. Les naissances en Roumanie sous l'ère Ceausescu (1/2)












Les adoptés nés en Roumanie ont ceci de particulier, que leur venue au monde et leur adoption sont étroitement liées à la conjugaison de phénomènes uniques dans l’Histoire et souvent méconnus. Savoir que tout n’était pas aussi caricatural que ce que ce que l’on a bien voulu leur dire et induire,  peut déjà alléger des colères enfouies qui, à divers degrés, les rongent, peut délester un sentiment de culpabilité et de mésestime de soi et,  permettre de relativiser l’inconfortable position de redevabilité envers les parents adoptifs.


I- Replacer la naissance dans le contexte de l'époque



La Roumanie n’a jamais  eu une forte densité de population, ce à quoi s’est ajouté à partir de 1947 une intangible émigration.  Partant de la logique  que « plus il y a d’abeilles dans la ruche, plus il y a de miel » le gouvernement de Ceaușescu veut augmenter la population :

1°)En 1966 la Roumanie institutionnalise la production d’enfants

- En publiant un décret interdisant tout avortement aux femmes de moins de 45 ans qui n’avaient pas encore conçu au moins 4 enfants.

- Préservatifs et pilules contraceptives sont interdits à la vente. Les plus aisés arrivent à s’en procurer  par le biais de la contrebande.  

- Les médecins ont  interdiction de soigner les  femmes victimes d’hémorragie, de lésions ou d’infections suite à un avortement clandestin  tant qu’elles n’ont pas dénoncé leur avorteuse.

- Dans les entreprises, une prime est distribuée aux cadres en fonction du nombre de naissances de leurs employées et ouvrières.

2°)  En 1970, tandis que l’Occident jouit d’une économie florissante, la Roumanie, qui s’était pourtant  illustrée dans certains domaines comme l’accès à la culture générale, voit sa population s’appauvrir, de nombreuses familles sont dans la misère. Poursuivant sa logique de repeuplement, Le parlement Roumain va alors institutionnaliser l’abandon d’enfants  :

- Une campagne de propagande est lancée pour enraciner  dans la pensée collective l’idée  que  c’est à l’Etat et non aux parents de prendre en charge la nourriture et l’éducation des enfants qui seront les citoyens de demain. (les abeilles travailleuses de la ruche…)

- Les médecins pratiquant un avortement encourent jusqu’à 25 ans de prison. Ceux qui récidivent : La peine de mort.

- Les femmes célibataires âgées de + de 20 ans et les couples sans enfants  doivent payer une taxe ou se voir appliquer une baisse de salaire.

- Les bonnes reproductrices  ont droit à des facilités d’embauche, à la gratuité des  transports en commun, à des primes pour le logement et les vacances.

- La psychologie est éliminée du rang des sciences humaines puis, dès 1980 son enseignement supprimé des universités et, l’exercice du métier de psychologue, prohibé.

La grande ambition du « Génie des Carpates » est de créer un « Homme nouveau », déraciné de tout contexte, sans passé ni filiation, sans émotions. De le réduire à l’état d’outil productif pour la nation.

Peu importe si les gens  ne pouvaient  pas nourrir leurs enfants,  le « Père de la Nation »  y pourvoyait : Le couple Ceaușescu fit construite à travers le pays 600  « casa de copii ».




 
Iconographie : image extraite du documentaire "Des enfants sur ordonnance" ( Das Experiment 770) réalisé par Florian Iepan, Razvan Georgescu (2004, 65'). Accessible ici

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