Qui sommes-nous ?

"Les Enfants Adoptés De Roumanie" (L.E.A.D.R.) était une réunion de personnes bénévoles : nés en Roumanie et adoptés par des couples francophones, et des personnes sensibles aux questions de l'adoption internationale en Roumanie. De 2014 à 2015 LEADR a créé des espaces et des outils adressés aux adoptés d'origine roumaine pour faire entendre leur parole et pour contribuer à leurs recherches. Aujourd'hui le collectif a évolué en Association Française Orphelins de Roumanie (A.F.O.R.), association loi 1901, créé en septembre 2015 : www.orphelinsderoumanie.org

vendredi 25 avril 2014

Izidor Ruckel











L’adopté irrécupérable prouve qu’il ne faut jamais désespérer










"Given Our Chance wins a platinum award at the worldfest . What an opportunity it was for all of us that were recognized for the hard work. – avec Alex King, à Crowne Plaza Hotel Houston - Medical Center." 











Isidore Ruckel vient d’obtenir les Remi awards de Platine 2014 pour son film Given our Chance Alex King Productions (1)

Adopté tardivement dans un orphelinat roumain pour enfants « irrécupérables », son parcours démontre sa fabuleuse capacité de résilience.
En 1980, sous le régime de  Ceaucescu, Isidore alors âgé de 6 mois,  contracte la polio. Une maladie contagieuse qui génère  de graves infirmités. Ses parents misérables n’ont pas vu d’autres solutions que de l’abandonner.
C’est ainsi qu’il se retrouve à l’orphelinat de Sighet, un des pires qui soit, là où l’on cachait plus d’une centaine  d’enfants handicapés, les « irrécupérables ».  
Animé d’un fabuleux instinct de vie, il attire l’attention  d’une nourrice de l’orphelinat qui le    prend  en affection.
 «Elle se souciait de moi comme si elle était ma mère,» dit-il. « Elle était probablement la personne la plus aimante et la plus gentille que j’ai rencontré »
   
Mais le sort s’acharne. Alors qu’il avait 5 ou 6 ans, cette employée à laquelle il s’était attaché  s’électrocute à l’orphelinat  en voulant chauffer l’eau du bain des enfants.  Isidore n’a alors plus eu personne pour le protéger des coups, de graves négligences et de  l’ennui des jours.
Considérés comme un troupeau de d’animaux, privés de toute  base élémentaire d’éducation, les enfants sont livrés à leurs instincts primaires. « A l’orphelinat il n’y avait pas de règles ni de droit, tout était permis » « Quand un comportement gênait un employé, même pour une broutille, il nous administrait de forts sédatifs, ou   nous battait, ou encore   nous attachait dans une camisole de force » 
La plus part des autres enfants ayant des handicaps plus graves que ceux d’Isidore, en grandissant  cela lui donnait un  certain  ascendant  sur les autres.
«Vous ne savez pas la différence entre le bien et le mal quand vous ne l’avez   jamais appris. J’ai été désigné responsable d’un groupe d’enfants et je les traitais de la façon dont le personnel nous traitait :  S’ils ne m’écoutaient pas, je les battais »
En 1989 une équipe de télévision américaine vient filmer cet orphelinat sordide. Le monde entier découvre  des dizaines d’enfants, le crâne rasé, accroupis, nus, dans des flaques d’urine. D’autres sont attachés à des radiateurs. Beaucoup se balancent d’avant en arrière, certains se frappent la tête contre les murs. Et Isidore, avec son beau visage et ses yeux vifs,   qui marche jusqu’à eux en trainant sa jambe et  qui s’accrochent à leurs vêtements.
En 1991, son destin bascule. Il est adopté par une famille américaine. Il a alors déjà 11 ans.





Izidor Ruckel, agé de 11 ans, avec son père adoptif Danny Ruckel à San Diego, Californie.


© Tom Szalay

Au début, tout ce passe bien. Isidore bénéficie d’une opération qui lui permet, avec une prothèse de marcher normalement.
Mais à l’adolescence, sa sensibilité à fleur de peau, il est débordé par  les émotions  qui le submergent. Une situation que les parents ne sont pas préparés à gérer et qui devient de plus  en de plus en plus en conflictuelle. «Ce n’était pas de leur faute. Pendant 11 ans je n’avais fonctionné qu’aux claques et aux tannées. Je ne savais obéir que de cette manière qui n’était pas pratiquée ici. Alors quand  on me montrait de la bonté, de l’amour, de la compassion, ça me mettait encore plus en colère. »
«Je me sentais en colère à un point où je pouvais sentir mon cœur défaillir, je ne voyais plus que du noir !»  «Et en même temps, j’ai été élevé dans une famille chrétienne. Je me demandais toujours, si je n’étais pas  un enfant de l’enfer? Qu’est-ce qui n’allait pas avec moi?»

L’entente avec ses parents se dégrade jusqu’au point de rupture. A ses 17 ans, il doit quitter de la maison.
Isidor va alors rester plusieurs années sans aucun contact avec eux.

Ceci jusqu’au jour où il apprend que sa famille vient d’être été victime d’un  grave accident de voiture. Il réalise alors  qu’il ne peut pas les laisser tout seul  et se rend  à l’hôpital.
«C’était vraiment dur de revenir vers eux mais j’avais  tellement besoin d’être auprès d’eux dans ces moments, de savoir s’ils étaient OK» dit-il. «J’avais peur de leur réaction car j’imaginais qu’ils ne pourraient pas me pardonner pour tout ce que je leur avais fait subir»
Mais ses parents lui ont tout pardonné. Depuis lors, ils sont devenus très proches.

Isidore Ruckel a maintenant 34 ans et vit à Denver. Après avoir écrit Abandoned for life un livre sur ses expériences (2), et produit un premier film documentaire sur les orphelins roumains adoptées. Il vient  de terminer  en collaboration avec un autre adopté roumain, Alex King, un deuxième film documentaire Given our chance (1) sur ce que sont devenus les orphelins restés en Roumanie.






«Je suis devenu un défenseur des autres orphelins»
dit Isidore qui en a fait son combat. 

« Et je crois que tout ça a à voir avec mes parents 
parce que j’ai compris ce qu’est l’amour, 
ce qu’est la compassion 
et tout ce que l’affection peut faire »





 D’aprés Tara Bhrantur, Washingtoonpst 30/01/2014
.                                                                                                                                               http://www.washingtonpost.com/sf/style/2014/01/30/a-lost-boy-finds-his-calling/
(1)- http://www.akingproduction.com/
(1)- http://www.pr.com/press-release/553069
http://eraonline.org.uk/index.php?option=com_frontpage&Itemid=1
https://bothendsburning.org/
http://childreninfamiliesfirst.org/
(2)-  livre «Abandoned for life»  http://www.abandonedforlife.com/buy-the-book.html


Iconographie :
Capture d'image de la bande annonce du film documentaire Given our chance réalisé par Izidor Ruckel, produit par Alex King, 55min, 2013, USA  [en ligne]
Alex King et Izidor Ruckel lors de la réception d'un Remi award à Worldfest, source page facebook de Izidor Ruckel ici
Photo extrait de l’article de Jon Hamilton, Orphans’ Lonely Beginnings Reveal How Parents Shape A Child’s Brain, February 24, 2014, Nrp.org [en ligne

couverture du livre "Abandoned for life" de Izidor Ruckel sur le site de l'auteur.

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