1997-1998
A la demande de Children Action, ONG de Genève, Raymond Depardon s'est rendu dans un orphelinat de Roumanie.
"Je n'ai pas voulu photographier les enfants qui trainaient ou rampaient par terre. J'ai essayé de les mettre debout pour leur rendre une certain dignité. Je n'étais pas là pour voler des images. Un photographie devrait rester plus longtemps pour trouver la meilleure photo, la meilleure forme qui alerte la vision, parce qu'on peut faire mieux. Mais je n'ai pas pu revenir le lendemain, je n'avais pas le courage. Quand nous sommes partis, nous avons encore vu les enfants qui hurlaient, accrochés aux barreaux. J'avais honte."
Libération, 26 avril 1997
in Raymond Depardon, Silence rompu, La joie de lire, 1998
III - Pour la réouverture des de l'adoption en Roumanie
Depuis son moratoire de 2001 la Roumanie n’a, à ce jour, toujours pas ré-ouvert son territoire à l'adoption internationale pour les étrangers. L’article 39 de du texte de loi n° 273/2004 (entré en vigueur en 2005) restreint l’adoption internationale aux seuls cas où un lien de parenté (au degré des grands-parents) existe entre l’adoptant et l’adopté. Ce texte a été modifié par la loi n° 233 du 05 décembre 2011, entrée en vigueur le 07 avril 2012, qui permet l’adoption d’enfants roumains, dans les formes de l’adoption internationale, par les ressortissants roumains résidant à l’étranger.
Cependant, ce texte de loi exclu toute adoption d’enfant roumain par des adoptants étrangers, ce qui nous semble regrettable. (1)
Depuis lors, la Roumanie a certes bien amélioré les conditions de vie de des enfants confiés aux services sociaux (2), créant des structures beaucoup plus petites avec du personnel formé et aussi développant un réseau de famille d’accueil. Mais tous sont loin encore de pouvoir bénéficier des meilleures conditions.
Elle a aussi encouragé l’adoption par les nationaux roumains mais
c’est très loin de résorber la quantité d’enfants confiés chaque année aux
services sociaux.
Au sein de notre équipe nous nous positionnons en faveur d'une
réouverture de l'adoption internationale, dans la mesure
bien-sûr où sera bien pris en
compte l’intérêt supérieur de l’enfant tel que le définit la Convention de la Haye du 29 Mai 1993 (3).
Il est
difficile de tracer les contours précis de la définition de « l’intérêt
supérieur de l’enfant » tant les paramètres peuvent varier selon les
circonstances, les cultures, les époques. M. Thomas Hammarberg, Commissaire aux droits de
l’homme du Conseil de l’Europe (4) nous apporte quelques
éclairage :
« L’ensemble
des normes énoncées dans la Convention des Nations Unies relative aux droits de
l’enfant, bien que nécessairement général et incomplet, constitue une bonne
base pour déterminer ce qui est dans l’intérêt supérieur de l’enfant. Il est, par exemple, dans l’intérêt supérieur de
l’enfant de :
- recevoir une éducation
(art. 28),
- d’avoir des relations familiales (art. 8),
- de connaître ses parents et d’être élevé par eux (art. 7),
- d’être entendu sur toute question le concernant (art. 12),
- et d’être respecté et
considéré comme un individu à part entière (art. 16).
De
la même manière, la Convention énonce ce
qui n’est pas dans l’intérêt supérieur de l’enfant, à savoir :
- être exposé à quelque forme de violence que
ce soit (art. 19),
- être indûment séparé de ses parents (art. 9),
- faire l’objet de pratiques traditionnelles préjudiciables à sa santé (art. 24),
- effectuer un travail comportant des risques ou susceptible de lui nuire (art. 32),
- ou subir toute autre forme d’exploitation ou d’abus (art. 33 à 36). »
- être indûment séparé de ses parents (art. 9),
- faire l’objet de pratiques traditionnelles préjudiciables à sa santé (art. 24),
- effectuer un travail comportant des risques ou susceptible de lui nuire (art. 32),
- ou subir toute autre forme d’exploitation ou d’abus (art. 33 à 36). »
(1) Fiche pays pour l'adoption international sur le site "France diplomatie" :
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/adopter-a-l-etranger/comment-adopter-a-l-etranger/les-fiches-pays-de-l-adoption-internationale/fiches-pays-adoption/article/adopter-en-roumanie
(2) Sur le site du Blogueur, Pas le choix : les enfants roumains interdits d'adoption internationale,"29 novembre 2010 :
http://www.arte.tv/sites/fr/leblogueur/2010/11/29/pas-le-choix-les-enfants-roumains-interdits-dadoption-internationale/
(3) HCCH, site de la conférence de la Haye de droit international privé. Texte integral de la Convention sur la protection des enfants et la coopération en matière d'adoption internationale :
http://www.hcch.net/index_fr.php?act=conventions.text&cid=69
(4) Conférence de M. Thomas Hammarberg, Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Le principe de l'intérêt supérieur de l'enfant : ce qu'il signifie et ce qu'il implique pour les adultes, 30 mai 2008, Strasbourg, sur le site du conseil de l'Europe :
https://wcd.coe.int/ViewDoc.jsp?id=1313889&Site
https://wcd.coe.int/ViewDoc.jsp?id=1313889&Site
Iconographie : Raymond Depardon, Silence rompu, la joie de lire, 1998
Pour continuer sur le même sujet :
1989 - 2009, 20 ans après la Révolution : l’abandon des enfants en Roumanie :
http://media.care.oonops.eu/d2b03c7/ressources/themas/1/754,CARE_20_ans_Roumanie.pdf
La Roumanie veut faciliter les adoptions par des nationaux :
http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/01/03/la-roumanie-veut-faciliter-les-adoptions-par-des-nationaux_1625091_3214.html
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